Robert Decosse, témoin et acteur de la vie de Barbizon au siècle dernier…
A la fin de la cérémonie, ses deux filles m’ont remis un cahier de souvenirs qu’il avait rédigé lui-même pour donner son propre témoignage sur les luttes, les grandeurs et les controverses sur la Résistance.
Nous publierons prochainement ici ce témoignage qui raconte ce qu’ont été, si étroitement et douloureusement mèlées, résistance et collaboration dans notre village.
Mais tous ceux qui aiment l’histoire de la vie, simple vie quotidienne qui fait aussi la GRANDE HISTOIRE, liront avec plaisir ce témoignage de première main sur notre village au siècle précédent.
L’illustration qui accompagne cet article n’est pas de Robert Decosse mais ajoutée par nous pour évoquer ce passé dont il parle..
Envoyez nous vos propres photos et vos commentaires ou vos remarques pour faire revivre ce passé . Merci aux enfants et petits enfants de Robert..
Jean-Michel Mahenc
MEMOIRES DE RESISTANCE
par Robert DECOSSE « Pepel » dans la Résistance
Chef de groupe au Maquis FRANCE Département du Lot
Pour bien faire comprendre cette période douloureuse, et pour bien sensibiliser le lecteur, je veux parler de l’avant-guerre.
¨Parler de l’avant-guerre
Comment vivait-on, alors que la télévision n’existait pas, ni le téléphone portable et bien d’autres choses encore.
Au fur et à mesure de l’écoulement des années, l’atmosphère devenait lourde, on sentait que quelque chose allait se passer, une épée de Damoclès se balançait au-dessus de nos têtes. Nous étions jeunes, terriblement inquiets.
Naissance – grand-père et père dans la maçonnerie
Je rappelle ma date de naissance, 1er Février 1922 à FLEURY-EN-BIERE, beau village de Seine-et-Marne.
Mon grand-père, Henri DECOSSE, Maire du petit village était entrepreneur de maçonnerie.
Mon père, Alfred DECOSSE, également entrepreneur de maçonnerie, est venu s’installer à BARBIZON, le prestigieux village des peintres.
A l’auberge Ganne, chez Madame Barbier Luniot
Plus tard, beaucoup d’autres artistes réputés nous enchantaient par leur passage dans le village.
dans ces locaux vétustes, avec des étais pour soutenir les poutres du plafond.
J’ai grandi, avec mon frère Henri, dans ces locaux vétustes, avec des étais pour soutenir les poutres du plafond.
les blanchisseuses-repasseuses
Ma grand-mère maternelle et mon arrière grand-mère exerçaient la profession de blanchisseuse-repasseuse.
Monsieur Bachelet, gendre de Chaigneau
A l’âge de 12 ans, ma mère Huguette, née en 1900, distribuait le linge repassé, bien rangé dans un panier d’osier, dans les villas des personnalités du village, notamment chez M. BACHELET le gendre du peintre des moutons.J’ai nommé CHAIGNEAU.
Les chevaux de trait, le maréchal-ferrand, la « patache »
En face, c’était le local de la 11 Patache 11, la diligence actionnée par des chevaux de trait ; je me rappelle l’avoir vue.
Tous ces locaux, aujourd’hui, sont des galeries de tableaux.
l’école communale de Monsieur Abel CARRE
La vie se déroulait paisiblement en fréquentant l’école communale de Monsieur Abel CARRE, qui dirigeait ces lieux avec les garçons, à côté de l’école des filles dirigée par Madame POCHART, la femme du Maire du village ; ce dernier étant entrepreneur de menuiserie.
La maternelle à l’asile Laure Henry
Je me souviens avoir donné la main à Jeannine GRACIA, nous avions cinq ou six ans.
René Gravé, instituteur
Plus tard, ce fut Monsieur René GRAVE, instituteur, qui m’a conduit au certificat d’études primaires. Ces deux messieurs occupaient successivement la place de Secrétaire de Mairie. René GRAVE était le père de mon beau-frère,Jean GRAVE.
l’affluence du week end dans les 20 hôtels restaurants
le « tacot », le train à vapeur
Pour le retour à Paris, le dimanche soir, c’était le folklore, le train étant surchargé et, dès qu’une montée apparaissait, il fallait le pousser.
les polonais, à la gare de marchandises
La gare de marchandises se trouvait être à l’entrée du village, non loin de la maison de mes parents, aujourd’hui 30 rue du 23 Août.
Les wagons à ciel ouvert étaient chargés à la main, par des polonais notamment, au moment des betteraves à sucre.
Abondance de l’emploi, grace aux résidences secondaires
Les résidences secondaires, de très belles maisons, favorisaient l’emploi de jardiniers, de gardiens et de cuisiniers pour les réceptions du week-end.
Les embauches immédiates après le certif
Après l’obtention du Certificat d’Etudes, les chefs d’entreprise, les restaurateurs, l’administration, venaient trouver l’instituteur pour lui demander les noms des élèves ayant obtenu leur diplôme et, avec l’accord des parents, embauchaient immédiatement.
Jusque 1903, un village rural, hameau de Chailly-en-Bière
Barbizon était un village rural, hameau de Chailly-en-Bière, qui devint commune en 1903 au détriment de la municipalité de Chailly-en-Bière.
Une dizaine de fermes dans « la rue des fermes »
Les jours de congés, j’accompagnais soit le charretier, soit les bergers. Ensuite, en importance, venait la ferme Paillé.
Aujourd’hui, il n’y a plus aucune ferme dans le village.
Aujourd’hui, il n’y a plus aucune ferme dans le village.
Les fêtes du village, les fêtes de famille
Les distractions étaient plutôt rares, on attendait avec impatience la fête du village et les fêtes de famille.
le cheval de la batteuse sur des rouleaux en bois
Je me souviens, pendant l’occupation, un cheval de trait précédemment dressé, actionnait la batteuse en marchand sur des rouleaux en bois.
les personnalités politiques
]’ai connu des personnalités importantes de la politique.
Trotsky à la villa Ker monique
Léon TROTSKY qui habitait la Villa Ker Monique, en bordure de forêt ; on le voyait se promener avec ses gardes du corps et ses chiens policiers.
Maurice Thorez
Les conférences du Colonel de la Rocque aux Pleiades
Le Colonel de la ROCQUE, Président du Parti Social Français, habitait Grande Rue, la Villa des Tilleuls, propriété de Monsieur et Madame HACHE, près de la chapelle.
Le Colonel nous recevait à l’Hôtel des Pléïades, propriété de Monsieur et Madame BARATIN, avec l’instituteur M. CARRE ; il nous parlait de la France, de la tolérance, du respect de l’autre; il avait dix enfants.
Le tennis de table
Je me souviens avoir joué au tennis de table avec l’une de ses filles, de mon âge, qui est entrée dans les ordres plus tard.
Jean Mermoz, ami du colonel
Egalement Jean MERMOZ, pionnier de l’aviation et ami du Colonel (notamment les lignes Latécoère et Aéropostale), ainsi que les Commandants CODOS et ROSSI qui habitaient le village.
Maurice Farman et Henri Farman, juste en face de la maison de mes parents
En 1932, il atterrissait avec un biplan blanc sur le terrain de la plaine de l’Angélus (où Jean-François MILLET a peint son fameux tableau) juste en face de la maison de mes parents.
Maurice FARMAN me demandait de garder l’avion, sans rien toucher. Quelquefois, avec sa compagne, Madame ANGELO, un matin au mois d’Août, ils partaient en Suisse et, le soir à l’atterrissage, il me rapportait des chocolats.
le premier avion à ailes basses
Il mettait son chapeau et allait peindre sans parler à Maurice, car ils étaient fâchés à mort.
Il mettait son chapeau et allait peindre sans parler à Maurice, car ils étaient fâchés à mort.
un avion fait des acrobaties, avec le whisky du Tumble Inn
Ce pilote acrobate habitait le TUMBLE-INN, un bar américain situé dans le centre du village et dirigé par Alf GRANT, un américain.
Bien imbibé de whisky, il proposait à un spectateur de monter avec lui, et on assistait à la démonstration de son talent d’acrobate.
Une foule considérable assistait tous les dimanches après-midi à ce concert aérien, à la satisfaction de tous, attirés par ce spectacle inhabituel.
Les écrivains, Dorgelès, Galtier,
Egalement, les écrivains Roland DORGELES,Jean GALTIER BOISSIERE ;
André Billy et son mouton
André BILLY de l’Académie Goncourt, qui promenait son mouton apprivoisé et qui, lorsqu’il venait de PARIS par le train (descente à la Gare de MELUN), partait à pied par BOIS LE ROI pour rejoindre BARBIZON, afin de profiter au maximum de la forêt.
L’assasin Wiedmann
J’ai aussi vu WIEDMANN, l’assassin de Jeannine KELLER, soi-disant un espion allemand.j’ai assisté à la reconstitution, allée des Vaches, à l’entrée de la forêt, et l’ai vu descendre du fourgon cellulaire, menotté ; jugé quelques temps après et … guillotiné.
le corps de Jeannine KELLER, à l’entrée de la caverne des brigands,
On a retrouvé le corps de Jeannine KELLER, à l’entrée de la caverne des brigands, recouvert de 30 cm de sable humide et parfaitement conservé.
L’allée des vaches
celles qui arrivaient sans avoir le tampon du Seigneur, étaient refoulées
A propose de l’allée des Vaches : à l’origine, en l’an 808, cette allée était recouverte d’une herbe dont les vaches raffolaient ; celles qui arrivaient sans avoir le tampon du Seigneur, étaient refoulées.
La forêt de Fontainebleau
Je voudrais ouvrir une parenthèse sur la forêt de FONTAINEBLEAU, côté BARBIZON. La forêt est une rupture avec le monde, y entrer est comme entrer dans une cathédrale. Un arbre est un édifice, une forêt est une cité, entre toutes. La forêt de FONTAINEBLEAU est un monument. Ces quelques vers de Victor HUGO, qui venait souvent s’y promener, peuvent nous inciter à redécouvrir ces lieux magiques.
Nos promenades en forêt, avec l’école maternelle
Je me souviens d’avoir donné la main à Jeannine GRACIA … nous avions cinq ou six ans.
Et puis, plus tard, on donnait rendez-vous aux jeunes filles … en forêt.
la suite de ce document, avec l’histoire de la résistance à Barbizon, sera publiée plus tard.
Merci à Robert Decosse pour ces souvenirs précieux.
Bonjour Madame, monsieur, j’ai bien connu monsieur Decosse, mais je n’ai pas eu connaissance de son décès. Aussi je souhaiterais savoir où il repose. Par avance je vous remercie et vous adresse mes sincères salutations.
Colette PALLARES
Secrétaire générale adjointe de libé ptt
Tel 0675773247